Génèse :
Au sortir du 1er conflit Mondial, en 1918, la dépollution, la remise en état des terrains et la reconstruction, a été l’œuvre de l’initiative privée. Sans vouloir tomber dans une critique stérile, on est en droit de penser qu’elle aurait pu être menée de façon nettement plus satisfaisante.(historique du désobusage)
Bon nombre de ces entreprises se sont bien souvent limitées en termes de dépollution, à un nettoyage économiquement rentable.
L’intervention de la Puissance publique peut se résumer alors, à l’indemnisation dite « des dommages de guerre »
Le 6 juin 1944
"Les sanglots longs des violons..", L'annonce du Débarquement du 06 juin ne laissait pas présager de la tâche complexe et oh! combien dangereuse qui se dessinait pour rendre la France Libre, le dernier acte préalable à toute mise en œuvre de paix allait se jouer..
Le 09 juin 44, le gouvernement provisoire avait décrété la création de la 3ème Région Militaire, calquée sur l’organisation administrative.(Une région Militaire équivalant à un Commissariat de la République).
En aout 44 les premières recrues qui voulaient s’engager auprès des Alliés, se voient proposer un engagement dans une compagnie de « Génie d’assaut ». D’assaut, il s’avère être des mines .
Formés, habillés et équipés par les Anglais, à Bayeux, ils se mirent au travail dans la région au profit des armées et de populations Civiles. (signes distinctifs : écusson de grenade jaune à 5 branches sur fond noir et l’insigne de la 1ère Division Française Libre.(arrivée de 200 hommes à Cabourg le 17 décembre 1945 avec matériels et véhicules, commencèrent à travailler dans le secteur de Bougy,)
Au fur et à mesure de la libération du territoire national, une tâche vitale s’imposait au pays. Reconstruire, remettre en état agriculture et industrie afin de réparer au plus vite les ravages causés par cinq années de guerre et d’occupation.
Les combats, les bombardements systématiques, l’occupation et son système défensif, en dehors des destructions énormes causées au patrimoine national, laissaient de surcroît leurs séquelles de “ mort soudaine “ et hors conflit : les mines, les obus, les engins de toutes sortes, les bombes.
Les victimes de ces engins se comptèrent par centaines dans les premiers mois de la libération : cultivateurs voulant remettre en culture un champ trop longtemps soustraits à leurs activités ; enfants jouant avec les engins épars sur le terrain, chasseurs s’aventurant dans les champs de mines, etc...
Dès la fin de l'hiver 1944, le Ministère de l’Agriculture avait commencé les premières actions de déminage civiles systématiques, confiant au Génie rural une entreprise à laquelle il n'était pas vraiment préparé. Un nombre non négligeable d'ingénieurs du Génie rural avait été incorporé en 1939 dans le corps militaire et s'était initié là au maniement des poudres et des explosifs. Mais l'ensemble du personnel connaissait mieux les problèmes du métrage des champs et du drainage des terrains que ceux de la détection des mines piégées. Chaque département utilisa au mieux les compétences, en fonction de l’ampleur des champs de mines. Après quelques opérations menées par les troupes du débarquement, ce fut l'ingénieur en chef du Génie rural qui eut la charge d'une région où le travail, avait pour but avoué, la remise en état des terrains, comblement des cratères de bombes, nettoyage des campements militaires abandonnés ; en fait, ramener à la vie, les campagnes dévastées, désertées par les fermiers et les exploitants, remettre en état champs éventrés, ponts coupés, routes défoncées et jalonnées d’épaves de chars et sécuriser bourgs et villages réduits en monticules de gravats groupés autour des restes d’un clocher et pâtures jonchées de cadavres d’animaux.
L’Ecole de Grignon en région Parisienne fut mis à contribution pour former les cadres chargés d’organiser et planifier, recruter et de former leur personnel volontaire, dans leurs département de compétence.
Formation courte certes,(de quinze jours) basée sur les techniques de recherche, la connaissance des engins et des explosifs. Les cours sont ceux de l’école de déminage Anglaise de Bayeux, enseignés par des Officiers Américains et traduits par un Ingénieur en chef du Génie Rural: Jacques GARANCHER.
Le travail fut souvent facilité localement, par la bonne connaissance du terrain et surtout par la coopération entre les habitants et les fonctionnaires de l'Agriculture dont la présence n'était pas nouvelle ni les missions inconnues. Ce furent eux qui posèrent les premières bandes blanches délimitant les zones dangereuses non encore prospectées et qui devinrent par la suite les symboles de l'avancement du déminage.
Bon nombre des représentants départementaux du Génie Rural garderont leurs prérogatives jusqu'à la fin de leur carrière, accompagnant les restructurations et les changements dus à l’évolution de cette nouvelle nécessité de Service.
Malgré un travail effectif et des résultats appréciés, ni la Guerre ni l'Agriculture n'avaient le sentiment que le déminage de la France tel qu'il se présentait dans l'été 1944 n'était, logiquement ou matériellement, de leur ressort.
Le gouvernement devait donc se soucier de ce problème majeur, toutes les tâches de reconstruction, de remise en valeur se trouvant tributaires directes de la neutralisation préalable des engins de guerre éparpillés sur le territoire. Contrairement aux précédents conflits, géographiquement délimités, le dernier s’étendit sur la totalité du pays.
Si les bombes et les obus restaient dans les attributions du Ministère des Armées, Service du Matériel,
Celui-ci ne put se charger de la neutralisation des champs de mines. Sa mission principale, en ces temps de pénurie, consistait au vidage des dépôts de munitions et la récupération des armes et autres explosifs, susceptibles d’alimenter les unités militaires et l’élimination de celles jugées dangereuses évitant aussi la récupération de matériel de guerre par des minorités enclins à se constituer un arsenal à destinations moins glorieuses.
L’ordonnance 45-271 du 21 février 1945 créait la Direction du Déminage sous l’autorité du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Service Interministériel, qui puisa ses ressources humaines et matérielles auprès des différents ministères. Un budget conséquent a été voté pour cette entreprise de tous les dangers.
Restait à trouver une personne pouvant organiser le service du déminage. Ce fut Raymond AUBRAC grand résistant qui fut chargé de cette mission en tandem avec G-Y. Thepot, Ingénieur Général de l’Artillerie Navale, qui, depuis 1944 s’occupait du Déminage au Ministère des Armées en liaison avec celui de l’Agriculture. Nommé Chef des Services Techniques, il restera jusqu’en 1947.
Les experts militaires français et alliés estimaient à 10 ans la durée nécessaire à la neutralisation des seuls champs de mines qui s’étendaient de la Belgique à l’Espagne, de l’Espagne à l’Italie, sur la zone des marches de l’Est et aux alentours des places fortes intérieures.
L’organisation pyramidale dont les principes généraux de sa structure resteront fixes malgré les multiples transformation des organigrammes :
· Un Service Central, installé au 6 rue de la Trémoille, à Paris
· 6 Représentations Régionales : Normandie, Bretagne, Océan, Méditerranée, Est, Nord ,
Rattachées aux Bureau Parisien, elles sont chargées d’assurer la liaison entre la Direction et les Autorités civiles et militaires, de coordonner l’ensemble des actions, du rôle d’inspection et de courroie de transmission entre Paris et les zones à déminer.
Celles ci disparurent dès la fin de la mise en place des délégations départementales au niveau national
· Représentations Départementales : (25 au plus), regroupées au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Les pouvoirs des délégués départementaux étaient étendus. Dirigeant toutes les opérations de déminage, ils tiennent à jour les cartes des emplacements des mines, établissent les «cartes navettes» qui circulent entre Paris et la province, enregistrent les demandes d'intervention, décident des ordres d'urgence pour l'exécution des travaux, s'occupent enfin du recrutement. Le plus souvent ils ont travaillé de concert avec les délégués départementaux de la Reconstruction, confondus parfois en une seule personne. Fréquemment bons connaisseurs de la région dans laquelle ils œuvrent, ils ont pu y jouer un rôle médiateur entre la capitale et des administrés trop impatients de retrouver leur quiétude. Liés également avec les autorités locales, maires ou préfets, ayant la main sur le choix des entreprises. Leurs responsabilités sont cependant très encadrées par la centralisation parisienne.
Le recrutement par tous les moyens (presse affichettes, radio, cooptation…) des volontaires démineurs s’organisait, se développant lentement jusqu’en mai 1945, puis prenant son plein essor après l’armistice.
Bon nombre de revenants des camps de déportation ou d’extermination, les rejoindront
Le Centre d’instruction de Bayeux ayant fermé le 29 décembre 1944, ( les recrues du 3ème Bataillon ayant été formées), le 3ème bataillon ouvrit son Centre en propre, à Houlgate, œuvrant au profit des militaires et des démineurs civils le 22 janvier 1945.
Les cours comportaient trois niveaux :
1. Instruction primaire, destinée aux troupes.
2. Instruction détaillée aux cadres (une note en fin de stage déterminait leur inscription au tableau d’avancement.
3. Cycle de perfectionnement, réservés aux officiers et sous officiers du Bataillon.(assurer l’homogénéité des méthodes de travail et faire connaître les derniers enseignements sur les mines).
Au sein de chaque Délégation des écoles de déminage furent crées dès mars 1945 qui formèrent 3000 démineurs.
(Amiens, Antibes, Berck, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Cabourg, Calais, Cannes, Colmar, Dieppe, Épinal, Évreux, Granville, Le Touquet, Marseille, Menton, Nancy, Nice, Palavas-les-Flots, Paris, Quimper, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Saint-Pair, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Wimereux.)
Les cours improvisés en hâte étaient dispensés par ceux qui sortaient de Grignon, par les militaires français d'Houlgate et même encore par des Anglais et Américains.
Ainsi au cours de ces premiers mois, le travail avançait mais au prix de terribles pertes. Tous s'accordaient pour penser qu'elles diminueraient avec un personnel mieux formé. L'enseignement tel qu'il était pratiqué manquait d'homogénéité; chaque professeur transmettait ce qu'il connaissait mais pouvait laisser dans l'ombre des points essentiels. C'est dans ce contexte que prit corps l'idée d'une école normale.(Septeuil) et la restructuration de la formation délocalisée en Cinq Centres Régionaux : Neuf-Brisach, Houlgate, Lège, Saint-Brieuc, Wimereux.
L’organisation de l’instruction reprenait le principe de trois niveaux de Formation en définissant trois types d’écoles :
· Ecole de type A : Ecole ou atelier local (Formation des personnels sur site –5 jours)
· Ecole de type B : Ecoles Régionales (formation d’intervenants démineurs – 15 jours)
· Ecole de type C : Ecole Normale de Septeuil (formation des cadres et instructeurs –15 jours)
La convention de GENEVE acceptait (malgré les réticences du CICR), l’emploi de prisonniers de guerre de l’Axe aux opérations de déminage, près de 50.000 y ont été employés qui comptèrent 1.800 morts.
Fin avril 1945, la prise en charge des PG est effective et un premier contingent de 8280 hommes fut mis à disposition des délégations par le Comité de Gestion des Prisonniers de l’Axe (devenu Direction Générale…) pour atteindre 48 232 fin novembre (au plus haut) puis déclinant jusqu’en septembre 1947, date de leur libération. Certains restèrent en temps que travailleurs libres, sur proposition du MRU. (d’autres ne souhaitaient pas rentrer, leur village étant en zone russe…)
Il fallut organiser à la hâte, le recrutement du personnel civil : Démineur, administratif, des gardiens de PG, assurer leur formation, leur ravitaillement, leur hébergement, négocier la mise à disposition de matériel agricole et de détection, trouver des locaux, installer un atelier de réparation automobile .…
La formation des PG succincte, était dispensée sur site, au sein des Kommandos, par les démineurs eux même parlant allemand ou par des petites unités mobiles d’instruction. Des mines sont récupérées sur le terrain, et démontées, pour servir à l’instruction .Il fallut trouver des explosifs, mèches lentes et détonateurs ….Confectionner des sondes etc…
Une grande tâche, reconnue par les représentants du gouvernement, allait être accomplie, avec des moyens techniques très modestes mais avec le courage et l’abnégation de tout un personnel que l’on se plut parfois d’honorer à titre d’élite ou de héros obscur.
|
Nombre |
Démi- |
P.G. |
Démi- |
P.G. |
tiers |
tiers |
|
|
d'acci- |
neurs |
tués |
neurs |
blessés |
tués |
blessés |
|
|
dents |
tués |
blessés |
|||||
1944 |
41 |
17 |
|
18 |
17 |
15 |
7 |
8 |
1945 |
2124 |
391 |
1 338 |
556 |
2196 |
96 |
93 |
|
1946 |
677 |
61 |
337 |
153 |
725 |
40 |
64 |
|
1947 |
38 |
1 |
|
16 |
9 |
52 |
8 |
19 |
1948 |
2 |
1 |
- |
|
3 |
- |
14 |
22 |
1950 |
- |
- |
- |
|
- |
- |
3 |
4 |
Totaux |
2882 |
471 |
1 709 |
738 |
2988 |
168 |
210 |
Lourd tribut payé à la reconstruction, à la rénovation du pays, lorsqu’on sait que l’effectif moyen du personnel démineur était de l’ordre de 3 200. Sacrifice suprême et librement consenti puisque tous étaient restés VOLONTAIRES.
Devant les résultats spectaculaires obtenus dans un délai dépassant toutes les espérances, la Direction du Déminage se voyait confier les opérations de désobusage, débombage, le 1er octobre 1946.
Cette nouvelle attribution venait officialiser une situation existante, (les champs de mines étant souvent bouleversés par des tirs d’artillerie et les bombardements) et visait aussi à taire des querelles de compétences administratives et improductives. Etaient exclus de leur compétence, les Dépôts dont l’Armée avait passé un marché et les terrains militaires
Les Démineurs Chefs choisis parmi les meilleurs, durent alors se spécialiser, suivre des cours, des stages,( à l’exception des artificiers issus de l’Ecole militaire de Bourges, ou Cherbourg pour les chefs d’équipes titulaires du Brevet). Les Ecoles Régionales et Septeuil pour les cadres ont repris du Service : pour apprendre à bien connaître ces nouveaux engins dispensateurs de mort violente. Malgré les travaux effectués par l’Autorité Militaire, obus, grenades, bombes, toute la cohorte des projectiles de toutes sortes et de toutes les Nations infestaient pratiquement la totalité du sol de l’hexagone français.
A l’issue de la formation,(1 mois) les démineurs et démineurs chefs ayant été reçus à l’examen, se voyaient attribué un rang de sortie qui prédisposaient les meilleurs d’entre-deux à être nommé Artificier.(désobuseur , désobuseur chef et débombeur ; la nomination au rang de débombeur chef ne pouvait l’être qu’a l’issue d’au moins un mois de pratique sur le terrain) .Les autres sont licenciés. (Cette hiérarchisation conditionneras longtemps le Service, cette structure reste encore omniprésente dans la formation actuelle).
En surface, enterrés, immergés, dans la plaine, dans la forêt, dans la montagne, en mer, en rivière, en ville, en campagne, partout des engins subsistaient mettant en péril les vies et les biens.
Par tous les temps, en toutes saisons, en tous lieux, tour à tour puisatier, alpiniste, terrassier, vidangeur, scaphandrier, le démineur fit face et là encore avec des moyens techniques réduits mais avec son courage et sa conscience, les uns palliant l’insuffisance des autres.
Le 29 aout 1947, il subsistait 20 centres composés d’équipes de sécurité chargées de poursuivre la tâche commencée en 1944 .
Les compressions de personnels se firent durement sentir, les licenciements intervenant sans aucun égard pour la tâche accomplie, reclassement pour certains et retour à la vie « civile » pour fin de contrat…..
La liquidation du Service de déminage, programmée dès sa création fut concrétisée le 1er octobre 1947
En Décembre 1947, soit 14 mois après le début du désobusage - débombage:
- 16.194.000 obus et engins divers étaient neutralisés :
- 490.000 bombes étaient neutralisées dont 54.000 enterrées.
La Direction du Déminage pouvait alors estimer que les travaux de masse étaient en voie d’achèvement.
Les activités de désobusage et de débombage eurent aussi leurs victimes :
|
Nom- |
Démi- |
|
Démi- |
|
|
|
|
bre |
Neurs |
P.G. |
Neurs |
P.G. |
Tiers |
Tiers |
|
d'acci- |
Chauf- |
tués |
Chauf |
blessés |
tués |
blessés |
|
dents |
Feurs |
|
Feurs |
|
|
|
|
Tués |
|
Blessés |
|
|
|
|
1946 |
4 |
- |
1 |
2 |
1 |
- |
- |
depuis |
|
|
|
|
|
|
|
octobre |
|
|
|
|
|
|
|
1947 |
173 |
14 |
70 |
72 |
161 |
3 |
23 |
1948 |
9 |
1 |
- |
9 |
- |
39 |
88 |
1949 |
3 |
1 |
- |
2 |
- |
29 |
74 |
1950 |
1 |
1 |
- |
- |
- |
20 |
58 |
C’est un effectif total de 70 hommes formant 32 équipes répartis sur le territoire national, (à l’exception de Paris et des départements de la petite couronne, couverts par le Laboratoire Central de la Préfecture de Police.) généralement composées de 2 hommes: 1 démineur-chef et 1 chauffeur se réduisant encore, quelques éléments ont disparu, frappés dans l’accomplissement de leur devoir, certains ont été remplacé, pour atteindre 65 hommes la veille du Transfert du Ministère de la Reconstruction au Ministère de l’Intérieur en 1963. Pour un effectif budgétaire de 75 postes.
Régis par le Statut du Démineur, abrogé en 1951, les démineurs ont choisi statutairement, tantôt la filière administrative, tantôt la filière technique tout en faisant le même métier, ce qui abouti au moment de l’intégration a se voir proposer 3 Classes répartis en 11 grades pour 10 soldes différentes ; pour 65 agents.
Afin d’harmoniser ces situations un projet est déposé pour la création d’un statut distinguant 3 grades :
· Aide Démineur
· Démineur
· Démineur-Chef
Cette proposition de 1964 se verra concrétisé sous la forme d’un décret instaurant une Indemnité Représentative pour Activité de Déminage en 1994.
Le bilan d’activité se résume pour la période 1948 à 1964 :
· 5 853 242 engins divers neutralisés
· 26 930 bombes neutralisées
La notion de Sécurité se rapprochant du contexte de protection, les opérations de déminage, désobusage et débombage, sont transférées au Ministère de l’Intérieur, Service National de la Protection Civile. C’est également 2 septembre 1964 que le personnel du service du déminage est appelé à participer à la protection des hautes personnalités françaises ou étrangères en voyage officiel dans notre pays. (suite à l’attentat du Petit Clamart ). Les interventions sur objets suspects sont exclues de leurs compétences.
la Direction décide le 22 mars 1965 la création de deux équipes spéciales chargées de la neutralisation d’engins explosifs improvisés utilisés par des groupes de terroristes au cours d’attentats dirigés contre des édifices publics ou des personnes privées.
Parallèlement, elle forme 20 agents à la lutte anti-terroriste. Ces agents, qui sont issus des Groupes Mobiles de Sécurité rapatriés d’Algérie en 1962 et mis à la disposition du Service National de la Protection Civile, sont intégrés en Avril 1965 au sein du service de déminage, cet apport massif de personnel (18) ne s’est pas faite sans quelques réticences. M. Bouvet Yvon, figure légendaire ayant commandé le 111 ème GMS, n’arrivera qu’en 1969.
Les équipes de sécurité sont constitués en 17 Centre, sont rattachés, dans les départements, au Service Départemental de la Protection Civile.
Les équipes de sécurité sont implantées dans le Pas de Calais, la Somme, la Seine Maritime, le Calvados, la Manche, le Finistère, la Loire Atlantique, la Charente Maritime, la Gironde, l'Hérault, le Var, les Alpes Maritimes, le Territoire de Belfort, le Haut Rhin, la Moselle, la Marne et l'Aisne.
Une équipe de Versailles assure les travaux dans le centre de la France, certains travaux spéciaux, (engins piégés, engins immergés nécessitant l'emploi de scaphandriers) et fourni des équipes de remplacement ou de renfort. C'est aussi à Versailles qu'est installée la division technique en charge de l'entretien de de la réparation des matériels de détection électroniques.
L’arrivée de ces personnels détachés au déminage, réactive la nécessité d’une formation de qualité.
Nainville les Roches (Essonne) devient le seul lieu de formation. (Bourges pour la pyrotechnie et surtout pour l’obtention du CT1 Artificier qui est reconnu en équivalence du BAC pour la présentation au concours de Contrôleur). Le Musée du Déminage y est transféré.
L’enseignement est celui de Septeuil. La documentation alors succinte amène un petit groupe de 9 techniciens chevronnés et passionnés à rédiger, sous la présidence de Paul Conte Delvox la Notice sur le désobusage et le débombage (livres jaunes). Cet ouvrage sera publié en 1972.
La loi du 16 juin 1966 déclare comme incombant à l’Etat les travaux de localisation, de
Transport , de neutralisation et de destruction des engins explosifs et des pièges.
La circulaire du Ministère de l’Intérieur n°138 en date du 8. Mars 1967 détermina
L’organisation générale, le mode de travail et les modalités de compte-rendu.
1970, Le Directeur de la Sécurité Civile pose le principe des astreintes.
Apres les attentats de Munich, la menace terroriste devient plus présente une équipe de sécurité spéciale s’installe à Lyon.
Dès 1974 Le Service de Déminage forme des artificiers de la Police Nationale à des fins de reconnaissance sur colis suspects, emboitant le pas au LCCP.
Les premiers conflits de dépassement de compétences n’ont pas tardés, les artificiers outrepassant leurs prérogatives : Interventions intempestives ou sur munitions.
Le décret du 4 mars 1976 détermine les zones de compétence des ministères de l’intérieur et de
la défense en ce qui concerne la recherche, l’enlèvement et la destruction des munitions et
engins explosifs. Les mers et plages incombent à la Marine. Les munitions nucléaires,
biologiques et chimiques restent exclues des secteurs de compétence des deux ministères.
Cette exclusion pose un réel vide juridique qui ne trouvera une issue règlementaire que par la parution, en janvier 1998, du décret de 1976 modifié, portant sur la répartition des compétences Intérieur-Défense, dans le cadre de l’application de la Convention de l’OIAC.
Les armes biologiques et nucléaires restent en dehors de la compétence du Service.
La montée en puissance du régime d’astreinte offre la possibilté d’accroitre les effectifs hors remplacement des départs. La relative stabilité des statuts ouvre la porte aux emplois réservés, la voie d’accès pour les anciens militaires du matériel d’abord puis des Plongeurs Démineurs de la Marine.
Les demandes répétées par les représentants des personnels, visant à faire reconnaître un statut actif aux demineurs, associé à une possibilité de départ à la retraite à 55 ans, abouti le 1er janvier 1990 par le détachement puis intégration des démineurs dans le corps en civil de la police Nationale avec mise à disposition de la Sécurité Civile.
Le reclassement se fit sur 3 niveaux : Enquêteurs- Inspecteurs – Commissaire.
Les conducteurs aide démineurs et Contremaitres démineurs reclassés au niveau enquêteur ;ce qui fit réagir les contremaîtres, qui pour la quasi totalité d’entre eux ont refusé cette assimilation.
Les Contrôleurs Démineurs-chef, sont reclassés Inspecteurs et les Ingénieurs, dans le corps des Commissaires.
Préalable à cette intégration, la perte de la prime de Danger qui a purement été supprimée pour tous les démineurs.
Une formation conjointe Déminage-LCCP d’aides artificiers de la Police Nationale est mise sur pied, calquée sur les cours des Démineurs de la Sécurité Civile, à Nainville d’abord puis à Oissel.
L’encadrement nécessaire sur site a fait naître les Antennes de Déminage .L’autonomie très limitée voir inexistante a conduit dans la majorité des cas à la fermeture des Antennes nouvellement créées. Seules ont survécues :Bayonne, Roissy et Orly.
Le décret portant sur l’attribution d’une indemnité Représentative de l’activité de Déminage, réinstaure l’équivalent de cette prime perdue en la liant à un niveau de qualification (4 niveaux différents), conférant un quasi statut aux Démineurs et aides artificiers, est publié en 1994.
La Formation devenue obligatoire, a été dispensée dans un Fort Céré de Rivière (Le Barbonnet) à Sospel, de 1990 à 2006, date de l’ouverture de l’Ecole de Déminage de Mort-Mare.
Le recrutement étant exclusivement par la voie « Police » trois contingents furent recrutés.
La formation du s’adapter à ces nouveaux profils, vierge de tout culture pyrotechnique.La loi 70-2 permis le recrutement d’anciens militaires déjà formés.Cette porte est fermée par le passage statutaire des Officiers de Police en Catégorie A.
La signature de la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimiques confère au Service, par de la modification du Décret de 1976, la qualité experte en matière de munitions chimiques anciennes et reconnue en tant que telle.
L’ensemble du système de formation a été repensé en 2000 et adaptée au nouvelles technologies de communication. Le référentiel comptant 4 niveaux de qualification est issu des textes internationaux en vigueur dans la plupart des pays.
Le principe de formation issue des années après guerre et adapté aux circonstances de temps et de qualité, étaient basé sur : démonstration- répétition-récitation est abandonné
Le décret instaurant une prime de Danger, aux seuls Démineurs de la Sécurité Civile, basé sur le niveau de qualification et responsabilité,( 4 niveaux) ainsi que de fonctions spécifiques, favorise grandement le rapprochement des deux entités.
La montée en puissance des risques de terrorisme NRBC ont conduit le Service de Déminage à un saut technologique qui en fait aujourd’hui encore un des Service de référence Mondiale.
Le 25 Avril 2005, le Service se voit confier un drapeau, témoignage de l’appartenance à un corps.
L’intégration des artificiers de la police Nationale est effective le 1er mai 2006.
Conjointement la liste des camarades descendus au tombeau recouverts du Drapeau tricolore s’est allongée et le livre d’or du monument élevé à leurs mémoires au sommet du Ballon d’Alsace.
Date |
Qualité |
Nom |
Lieu |
Observations |
07-nov-52 |
Contrôleur Technique |
PLANCKE Marceau |
Nord |
|
23-sept-53 |
Chauffeur |
DUTOIT René |
Pointe de ST Quentin (80) |
Feral et Biendine blessés |
22-juil-55 |
Chauffeur |
LAPIERRE Charles |
Marck en Calaisie( 62) |
Terrain de destruction |
25-juil-56 |
Démineur Chef |
COLSON Roger |
Pointe de ST Quentin (80) |
Terrain de destruction |
25-juil-56 |
Chauffeur |
CHARPENTIER Jacques |
Pointe de ST Quentin (80) |
Terrain de destruction |
25-juil-56 |
Terrassier |
RICHARD Jean |
Pointe de ST Quentin (80) |
Robine blessé |
20-janv-58 |
Démineur Chef |
RUELLE René |
La Giclée (44) |
Brulage de bombe |
20-janv-58 |
Chauffeur |
BONNET Henri |
La Giclée (44) |
" |
03-mai-66 |
Chauffeur |
CLAUSS André |
Marck en Calaisie( 62) |
Perrin blessé |
16-mai-67 |
Chauffeur |
CATEL Claude |
Le TOUQUET (62) |
|
18-juin-67 |
GMS |
BANON Lucien |
Fort de Montbérault (02) |
ACC du 06 brulage PN |
16-nov-72 |
Chef d'Equipe |
LEBRETON Paul |
BEAURECUEIL (13) |
Maison piégée |
11-déc-73 |
Démineur Chef |
GUILLERMIC Yves |
Le CROTOY (80) |
|
19-juin-85 |
Contrôleur Technique |
BONDIL Jean Louis |
Le LAS (83) |
Conditionnement |
19-juin-85 |
Chauffeur |
GONZALES Raymond |
Le LAS (83) |
|
19-juin-85 |
Chauffeur |
GODEFROY Jacques |
Le LAS (83) |
|
19-juin-85 |
Chauffeur |
GRILLO Patrice |
Le LAS (83) |
|
05-déc-86 |
Contrôleur Technique |
SIGLER Raymond |
Marly le Roi (78) |
Conditionnement déto |
04-juil-87 |
Contrôleur Technique |
ECOTIERE J-Noel |
La Valette (83) |
Colis suspect |
21-juin-89 |
Chauffeur |
HANNAUER Richard |
Dessenheim (68) |
Destruction déto |
18-juil-90 |
Démineur Chef |
MARTINEZ Christian |
EPERVANS (71) |
Chantier pc |
18-juil-90 |
Démineur Chef |
PONTHIEUX Pierre |
EPERVANS (71) |
" |
18-juil-90 |
Démineur |
MIN Jacky |
EPERVANS (71) |
" |
18-juil-90 |
Chauffeur |
CARNEVALE Denis |
EPERVANS (71) |
" |
18-juil-90 |
Chauffeur |
MORIN Thierry |
EPERVANS (71) |
seul le conducteur pelle en vie |
29-déc-98 |
Demineur |
PORTEBOIS Luc |
VIMY (62) |
Déchargement |
29-déc-98 |
Aide Démineur |
VILCOT Gerard |
VIMY (62) |
|
18-avr-07 |
Demineur Chef |
MILESI Dominique |
RESSAINCOURT (57) |
Conditionnement |
18-avr-07 |
Demineur Chef |
FLAUDERT Laurent |
RESSAINCOURT (57) |
Conditionnement |
|
|
|
|
|
Si ce résumé ne peut donner qu’une idée superficielle d’une tâche de caractère national, s’il ne permet que d’effleurer un problème passé qui demeure un succès technique, il a le mérite de situer, sommairement, l’origine des personnes, qui, de nos jours poursuivent modestement et le plus souvent dans l’oubli ou l’indifférence une tâche qui fut indispensable à l’ensemble de l’économie nationale.
De plus, les détections électromagnétiques des terrains réputés dangereux assurent la sécurité des personnels et des matériels avant les travaux d’implantation d’immeubles, d’usines, d’aéroports, de barrages, de canaux, d’autoroutes, etc...
Il peut paraître présomptueux de dire que, sans le travail du démineur, les grandes tâches de reconstruction, d’aménagement et d’expansion n’auraient pu avoir lieu dans les zones de combat et de bombardement ; objectivement, il faut pourtant bien l’admettre.