Historique du Service de Déminage


Le 6 juin 1944

"Les sanglots longs des violons..", L'annonce du Débarquement du 06 juin ne laissait pas présager de la tâche complexe et oh! combien dangereuse qui se dessinait pour rendre la France Libre, le dernier acte préalable à toute mise en œuvre de paix allait se jouer...

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HOMMAGE AUX MORTS EN OPERATION

Ils étaient Français, Portugais, Espagnols, Suisses, Serbes , Polonais, Allemands, Algériens..... avec un seul point commun:

VOLONTAIRES DEMINEURS ,

pour écrire le dernier acte de la Libération du Pays: Déminer la France.

Consultez le livre d'Or

Historique de la Formation au Déminage

Février 1945, L'école de CABOURG fut fondée par le Service du Génie Rural du Calvados avec dans un premier temps , des instructeurs militaires qui ont participé aux cours de GRIGNON.

Destiné à instruire les équipes de Déminage, trois instructeurs se relaient pendant trois semaines (18 jours) au bénéfice de 25 élèves au maximum.

 

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Historique du Monument du Ballon d'Alsace

Dès 1947, un petit groupe d’anciens du déminage voulant perpétuer la mémoire de leurs victimes au devoir, décidait l’érection d’un monument.
COLSON Roger, après avoir vaincu maintes difficultés administratives et autant d’inertie, constitua le 21 novembre 1949, un Comité Régional pour l’érection, d’un monument à la mémoire des volontaires démineurs morts pour la France dans les départements du Haut Rhin, des Vosges, du Doubs, de la Haute Saône, et dans le territoire de Belfort.

 

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THANN

 

Un engin explosif datant de la Première Guerre mondiale a refait surface ce mercredi à Thann où un obus été découvert par un cueilleur de champignons dans le secteur du col du Grumbach.

 

L'engin pèse environ 120 kilos pour une longueur d'au moins 1 mètre pour 21 centimètres de diamètre. Il nécessite une attention particulière, car il pourrait contenir une substance chimique.

 

Depuis le début de l'après-midi, un gros déploiement de moyens en démineurs, pompiers, gendarmes, policiers municipaux, agents de la Brigade verte sont sur le pied de guerre. Un périmètre de sécurité a été mis en place pour interdir les chemins d'accès du secteur, fermés à toute circulation, notamment pour les promeneurs.

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TRAITEMENT DES BOMBES NON EXPLOSEES

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Le problème du « désobusage » date de la' guerre de 19I4-1918; il s'agissait surtout alors de débarrasser des obus non éclatés les régions avoisinant les champs de bataille pour les rendre à nouveau habitables, opération relativement simple sinon sans danger. L'importance énorme prise par l'aviation dans la dernière guerre a posé aux belligérants un problème de « débombage » autrement important. En 1940 et 1941, lors de l'offensive aérienne des Allemands contre l'Angleterre, la proportion de bombes qui n'éclataient pas à l'arrivée au sol était de l'ordre de 8 %; elle s'est élevée jusqu'à 20 % en 1943 et 1944, par suite de l'utilisation en plus forte proportion de fusées à très long retard. Au lendemain du bombardement anglais du 17 avril 1944 sur la gare de Noisy-le-Sec, plus de quatre cents bombes restaient non explosées; la moitié d'entre elles détonèrent spontanément avec des retards variables jusqu'à

trois jours. Deux cents restèrent enfouies dans le sol et durent être détruites par les services spécialisés allemands. A la fin de 1945, les Anglais avaient neutralisé plus de cinquante mille bombes de 50 kg et plus. En 1941, il y eut, dans Londres, jusqu'à mille bombes n'ayant pas fonctionné; et cela malgré l'activité des services de débombage qui détruisirent jusqu'à neuf cents bombes en' une semaine, Il s'agissait, dans la plupart des cas, de simples ras de fusées qui ne posaient pas de problème compliqué; mais les belligérants urent de plus en plus de bombes à retardement, de fusées à armement retardé et de fusées-pièges dont le démontage provoquait l'explosion. Les techniciens du débombage durent faire preuve d'une ingéniosité toujours en éveil, mettre en œuvre les ressources des branches les plus

diverses de la science posr déjouer les ruses toujours plus sournoises de l'ennemi.

 

Le problème du « débombage »

Au lendemain d'un raid aérien, la présence d'une bombe non éclatée est signalée par les services de la Défense passive ou par les habitants d'un immeuble, Quelquefois, elle s'est arrêtée au cœur de l'immeuble, entre deux étages, ou dans la cave; dans ce cas, les équipes de débombage la repèrent sans difficulté ; le plus souvent, elle s'est enfoncée dans le sol jusqu'à 2 m, 3 m, 5 m, quelquefois davantage, suivant la nature du sol, le calibre de la bombe et l'altitude du lancement, suivant aussi le hasard, car le trajet des bombes dans le sol est tout à fait déconcertant; il n'est pas rare qu'elles ricochent, ou même qu'elles ressortent du sol comme un poisson sort de l'eau, Quoi qu'il en soit; la bombe se signale par son orifice d'entrée dans le sol quand cet orifice ne s'est pas trouvé masqué par des décombres.

La première tâche est de la dégager sans la déplacer jusqu'à ce que sa forme et les inscriptions qu'elle porte sur l'empennage, sur le corps de bombe ou sur la fusée permettent de reconnaître à quel type connu elle appartient.

Tous les terrassements doivent être conduits avec de grandes précautions, car des vibrations du sol suffisent à provoquer le fonctionnement de certaines fusées, Très souvent, le chef artificier sondera le sol, et, comme il est important de connaître le plus tôt possible si la bombe contient ou non un mouvement d'horlogerie, il écoutera fréquemment à l'aide du microphone spécial dont il dispose;

dans les services anglais, cet appareil se fixe sur le corps de la bombe au moyen d'un aimant et permet de suivre à distance tous les bruits qui se produisent à l'intérieur de ra bombe.

Lorsque l'artificier aura reconnu la présence d'un mouvement d'horlogerie en marche, il retirera son personnel et, sauf ordres particuliers contraires, attendra quatre-vingts heures avant de reprendre les opérations. Après ce laps de temps,..la bombe aura détoné ou son mouvement sera arrêté; nous dirons plus loin comment on traite les fusées à mouvement d'horlogerie quand il est très important d'empêcher la, bombe de détoner, en raison des destructions que l'explosion pourrait provoquer dans Je voisinage.

Lorsque la bombe a été dégagée, que les types des fusées qu'elle porte ont été reconnus, le traitement à lui appliquer peut être déterminé; il dépend d'un grand nombre de considérations;

Les cours que le débombeur a suivis lui dicteront dans la plupart des cas la conduite à tenir.

Disons seulement qu'en général:

 

- les bombes d'un poids inférieur à 10 kg seront détruites sur place en faisant détoner à leur contact: un pétard contenant entre 300 g et 1 kg d'explosif que l'on allumera par mèche lente ou à l'aide d'un détonateur électrique.

Les destructions qu'elles sont susceptibles de provoquer ne sont pas graves et, d'autre part, les fusées qui les arment sont particulièrement sensibles;

 

- les bombes d'un poids surieur seront transportées sur un terrain de destruction éloigné de tout endroit habité; là, des pétards les feront exploser, à moins qu'il ne paraisse préférable de les décharger en fondant leur explosif sous un jet de vapeur, ou plus simplement en allumant un feu de bois sous la bombe après avoir ouvert dans le corps un orifice suffisant à la partie la plus

basse. La chaleur dégagée fait fondre l'explosif qui s'écoule et brûle à l'air libre; il est rare qu'une détonation se produise. Bien entendu, avant de placer la bombe, le chef Débombeur aura enlevé, ou, à défaut, neutralisé toutes les fusées dont elle était armée; la neutralisation des fusées a posé des problèmes curieux auxquels les laboratoires ont trouvé des solutions

 

 

La méthode anglaise

Signalons que les Anglais avaient mis au point un appareillage qui leur permettait de traiter rapidement les plus grosses bombes à leur point de chute, sans même enlever leurs fusées, et cela avec des risques assez faibles. Le principe est le suivant: les fusées que comporte la bombe sont d'abord neutralisées, chacune par la méthode qui lui est particulière; un « trépaneur » est ensuite mis en place sur le corps de bombe et ouvre dans la paroi deux orifices circulaires voisins.

Le trépaneur est alors remplacé par un injecteur de vapeur qui s'enfonce par

l'un des orifices; l'explosif fondu ou dissous est entraîné par l'eau provenant de la vapeur condensée et s'écoule par l'autre orifice; il s'agit dans la plupart des cas de trinitrotoluème ou tolite (TNT des bombes américaines) qui fond à 80° C, ou d'amatol (bombes allemandes et anglaises), mélange de tolite, facilement fusible, et de nitrate d'ammoniaque très soluble dans l'eau.

L'explosif émulsionné dans l'eau est recueilli dans des bacs, puis détruit ou quelquefois récupéré. Les deux opérations, trépanage et injection de vapeur, sont commandées à une distance suffisante pour que la vie des opérateurs ne soit pas exposée inutilement.

Lorsque le corps de bombe est bien vidé, les fusées et leurs gaines sont détruites dans le corps de bombe même, à l'aide de pétards convenables; puis la carcasse complètement inerte peut être enlevée sans aucune précaution.

L'intérêt de la méthode réside dans le fait qu'elle évite le transport de l'engin dangereux jusqu'au terrain de destruction; le transport fait en effet courir un danger réel aux populations des régions traversées, car il est difficile d'écarter avec certitude tous les civils du parcours utilisé, et une explosion à la suite d'un choc fortuit est toujours possible, même lorsque la bombe a été débarrassée de ses fues.

Les services anglais de débombage ont utilisé trois variantes de l'appareillage que nous venons de décrire.

Dans la première version réalisée à cent cinquante exemplaires par la Metropolitan rickers Electrical Company, en collaboration avec le National Physical Laboralory, l'ensemble des appareils était transporté par un camion de 3 t.

La vapeur, fournie par une chaudière chauffée à l'huile lourde, actionnait d'abord le trépan par l'intermédiaire d'un tuyau de caoutchouc de 60 m environ; la vapeur, qui entrainait avec elle de l'eau savonneuse, servait de lubrifiant et empêchait l'échauffement de l'outil; les deux trous étaient percés en moins de huit minutes,

dans les parois minces (jusqu 8 mm d'épaisseur), pour cet appareillage. L'évacuation de l'explosif durait plusieurs heures (quatre heures pour la bombe allemande de 500 kg) ; l'injecteur pénétrait automatiquement dans le corps de bombe au fur et à mesure de la disparition de l'explosif.

Une deuxième version, connue sous le nom de « SteIna » , permettait de traiter les bombes à parois plus épaisses, jusqu'à 5 cm dans lesquelles le trépan perçait une ouverture de 7,5 cm de diamètre; l'injecteur de vapeur était capable dvacuer 4 kg de tolite par minute,

Certaines variantes destinées à la neutralisation des mines marines magnétiques ont été réalies entrement en métaux non magnétiques.

Dans une troisième version, réalisée par Pass and Co, l'énergie nécessaire au trépan était fournie par une batterie d'accumulateurs alimentant un moteur de trois quarts de cheval; le trépan, constitué par une scie cylindrique à six dents, pouvait percer un trou de 11 cm de diamètre dans une paroi de 6 cm dpaisseur; la bombe allemande de 1 800 kg était trépanée en dix minutes environ.

 

DIFFERENTS TYPES DE BOMBES LANCEES PAR L'ARMEE ALLEMANDE
DIFFERENTS TYPES DE BOMBES LANCEES PAR L'ARMEE ALLEMANDE

 Toutes ces bombes ont été dessinées à l'échelle, la plus petite ayant 72 cm de haut environ, et la plus grande 2,63 m

(sans l'empennage). Les unes sont à parois minces, les autres à parois épaisses, celles-ci reconnaissables à leurs dimensions moindres pour un poids égal. Les cercles blancs indiquent l'emplacement des fusées.

INJECTEUR DE VAPEUR
INJECTEUR DE VAPEUR

 

INJECTEUR DE VAPEUR DES APPAREILS

A VIDER LES BOMBES DE LEUR EXPLOSIF

La vapeur arrive par 1 et sort par les évents 2,dont l'inclinaison provoque la rotation

de la tête mobile de l'injecteur. L'explosif émulsionné et l' eau condensée sont évacués

par les orifices 3; un tuyau de caoutchouc fixé en 4 conduit les matières à évacuer

jusqu'à des bacs de décantation.

 La neutralisation des fusées

 

La fusée d'une bombe est l'appareillage qui doit provoquez son éclatement; elle comprend essentiellement! :

- un dispositif (mécanique, électrique, chimique) qui, au moment choisi à l'avance, par l'aviateur, allumera une petite « amorce» de fulminate de mercure ;

-des explosifs plus ou moins sensibles, convenablement choisis et disposés en chaîne pour transmettre la faible détonation de la petite amorce jusqu la masse d'explosif relativement peu sensible que contient la bombe; la chaine comprend presque toujours un « détonateur» contenant quelques grammes de fulminate 'de mercure ou d'azoture de plomb.

Les procédés de neutralisation des fusées sont exactement adaptés au fonctionnement de celles-ci;

Nous devrons nécessairement commencer par décrire la fusée à laquelle le procé s'applique; voici quelques-unes des réalisations les plus fréquemment utilisées ou les plus curieuses.

 

La fusée allemande type 15

Presque toutes les bombes allemandes étaient armées de fusées électriques Rheinmetall, logées dans une poche ou "gaine" perpendiculaire à l'axe de la bombe; leur fonctionnement est le suivant:

A l'instant où il lâche la bombe, l'aviateur charge un condensateur contenu dans la fusée, à l'aide d'une batterie d'accumulateurs reliée à la tête de fusée par un conducteur souple, ou un bras télescopique, qui abandonnera de lui-même la tête de fusée après quelques mètres de chute. Pendant la chute de la bombe, le condensateur «de charge» se décharge dans un second condensateur que nous appellerons "de mise de feu"; une résistance convenable retarde le moment où le condensateur de mise de feu est chargé; la fusée est alors « armée " c'est à-dire prête à fonctionner.' Il suffira pour cela que la charge du condensateur de mise de feu traverse une amorce électrique qu'elle enflammera; l'interrupteur\ qui permettra la décharge est constitué par un cylindre conducteur dans l'axe duquel une petite bille de métal est maintenue, supportée par, un fil d'acier très flexible à la manière d'un battant de cloche. Au moindre choc, en particulier à l'arrie de la bombe au sol, la bille s'écarte de sa position d'équilibre et vient toucher la paroi du cylindre; c'est ce contact qui ferme le circuit de décharge du condensateur de mise de feu.

L'explication que nous donnons ainsi est très schématisée; en réalité, la tête de la fusée Rheinmetall comporte deux plots et plusieurs circuits de décharge qui permettent à l'aviateur de choisir dans une certaine mesure le « temps d'armement » (temps que met le condensateur de charge à charger le condensateur de mise de feu) et le «  retard » (temps qui s'écoule entre la décharge du condensateur de mise de feu et lclatement de la bombe). Dans la fusée 15, le retard est obtenu par l'interposition, entre l'amorce électrique et le détonateur, d'un comprimé de poudre noire qui met un certain temps à brûler, Les retards de cette nature sont de quelques secondes seulement; si, passé ce délai la bombe n'a pas éclaté, c'est que sa fusée présentait une défectuosité· qui a provoqué le raté. Elle est en principe peu dangereuse; toutefois, avant de l'extraire du corps de bombe, le débombeur s'assurera que le condensateur de mise de feu est déchargé, en établissant le contact pendant quelques minutes entre les plots portés par la tête de fusée et le corps de bombe. Pour

ce faire les services anglais disposèrent un moment d'un appareil très simple, le Two-Pin Plug Discharqer, permettant d'enfoncer simultanément les deux plots de chargement pour mettre à la masse tous les condensateurs. De la fusée. Cet appareil dut être retiré parce qu'il provoquait le fonctionnement de la fusée 50 que nous allons décrire.

 

La fusée allemande type 50

Le circuit électrique de la fusée 50 ressemble beaucoup à celui de la fusée 15, mais la résistance interposée entre les deux condensateurs est si grande que le temps d'armement dure plusieurs minutes; il est plus long que le temps de chute de la bombe, de telle sorte que la fusée ne fonctionne pas à l'arrivée au sol, le condensateur de mise de feu n'étant pas encore suffisamment char la charge continue après l'arrêt de la bombe dans le sol. Celle-ci détonera alors au moindre choc.

On pourrait penser qu'il suffit, pour la neutraliser, de mettre les condensateurs à la masse en enfonçant les plots de la tête de fusée, comme on le fait pour la fusée 15 ; mais les Allemands, pour interdire cette manœuvre, ont disposé .sur le circuit de mise de feu un interrupteur qui se ferme lorsqu'on enfonce les plots de, charge et provoque ainsi l'explosion.

Les services anglais imaginèrent alors de décharger les condensateurs sans enfoncer les plots de charge; la tête de

fusée n'est pas rigoureusement étanche; tout autour des .plots de charge, en particulier, il .est possible d'injecter sous pression un fluide conducteur qui, en mouillant le polystyrène des

parois, provoque en quelques minutes la décharge des condensateurs. Après des essais nombreux, le liquide retenu a été un mélange d'alcool, de benzine et de sel; une pompe à bicyclette suffisait

pour établir la pression d'injection. Tout l'appareillage, connu sous le, nom .de B. D. Discharçer, tenait dans une petite valise.

 

Comme il permettait de neutraliser la fusée 15 aussi bien que la fusée 50, l'emploi du Ttuo-Piti Plug Discharger a été proscrit, en raison des accidents qu'il pouvait. provoquer lorsqu'il était employé par erreur sur une fusée 50.

 

La fusée allemande type 17

La fusée 50 vient de nous donner un exemple de fusée-piège dont l'ennemi a cherché à rendre la neutralisation difficile, afin de créer un danger

permanent qui démoralise la population civile. La fusée 17 cherchait à atteindre le même but par des moyens différents. .

Un circuit électrique analogue à celui que nous avons décrit pour la fusée 15 provoque, à l'arrivée au sol de la bombe, l'allumage d'une pastille

de thermite dont la combustion fait fondre une boulette de cire.

Un mouvement d'horlogerie, dont le balancier était immobilisé par cette boule de

cire, se met alors en marcha ; Il provoquera l'explosion de la bombe après un temps variable, qui peut Atteindre quatre-vingts heures. La fusée n'est pas sensible au choc; il suffirait donc, pour neutraliser la bombe, d'extraire la fusée de sa gaine avant que le mouvement d'horlogerie ne la fasse détoner.

Pour interdire cette opération, les Allemands ont placé sous le mouvement d'horlogerie un dispositif mécanique connu sous le nom de Zus 40 , qui provoque l'explosion quand on tente d'extraire la fusée de sa gaine.

C'est essentiellement un percuteur que le corps de la fusée maintient paré de l'amorce qu'il doit frapper ; que l'on soulève le corps de fusée de

quelques centimètres, et le percuteur libéré est projeté sur l'amorce par son ressort.

La première poccupation de l'artificier qui rencontre une fue 17 dont le microphone lui fait entendre le tic tac est évidemment d'arrêter ce mouvement d'horlogerie menaçant et d'obtenir ainsi tout au moins un répit. Mais le mouvement

est profondément enfoncé sous la fusée que le Zus 40 interdit de soulever.

La première pensée des innieurs anglais a été d'immobiliser le balancier au moyen d'un champ magnétique; ils y parvinrent rapidement en utilisant un

électroaimant puissant. Dans une première solution, une batterie d'accumulateurs fournissait, pendant quelques secondes, un courant de 200 A; la montre s'arrêtait, mais un choc pouvait la remettre en marche. Des améliorations techniques permirent d'obtenir le même résultat avec 25 A seulement, que l'on pouvait appliquer pendant trente minutes; ce temps était suffisant pour trépaner la bombe tout autour de la gaine de la fusée ainsi que la paroi opposée et, en poussant par ce dernier trou, extraire la gaine toute entière avec le mouvement d'horlogerie

et le Zus 40 . L'appareil réali rendit quelques services; il' permit en particulier

d'obtenir les fusées 17 et les Zus 40 cessaires aux études. Mais la méthode était médiocre.

Les Allemands utilisèrent bientôt des montres à balancier non magnétique; l'arrêt était encore possible en agissant sur les axes en acier des engrenages dont les frottements étaient beaucoup augmentës par le champ magnétique; mais il fallait utiliser des électroaimants plus puissants. D'autre part, l'épaisseur de la paroi

des bombes avait une grande importance et, pour arrêter les fusées 17 qui armaient quelquefois les bombes de perforation, il fallut accroître encore la puissance des aimants.

Une solution plus élégante fut trouvée dans une autre voie. L'eau sucrée suffisamment concentrée (20 g de sucre pour 100 g d'eau) injectée dans le corps de fusée arrête le balancier; l'injection se faisait en soulevant légèrement la fusée (d'une hauteur insuffisante pour libérer le percuteur du Zus 40). Pour permettre

à la liqueur sucrée de pénétrer convenablement dans la gaine, il était indispensable d'y réaliser au préalable un vide partiel, puis d'injecter le liquide sous la pression produite par une pompe a vélo .

La marche de l'opération (écoulement du liquide dans la fusée, arrêt progressif du mouvement d'horlogerie) est contrôlée commodément à l'aide du microphone.

L'appareil Stevens qui réalise toutes ces opérations tient dans une valise.

La fusée 17 étant neutralisée, la bombe 'peut être trépanée et vidée sur place, ou transpore jusqu'à un terrain de destruction.

Après la mise en service de l'appareil Stevens, on s'aperçut que le liquide injecté pénétrait également dans le mécanisme du Zus 40 . on imagina alors d'injecter, au lieu d'eau sucrée, des liquides très visqueux, puis des liquides susceptibles de se coaguler dans certaines conditions; le percuteur étant ainsi immobilisé, il fut possible d'extraire la fusée sans provoquer son fonctionnement.

La même méthode fut appliquée par les Anglais à leurs propres fusées.

 

Fusée anglaise de culot à retardement

et à piège (type 37)

 

En septembre 1943, il apparut, à la suite des bombardements de Modane et de Montluçon, que les Anglais utilisaient une proportion assez forte de bombes armées de fusées à long retard, qui rataient fréquemment. A Noisy-le-Sec, deux cents bombes restèrent dans le sol non explosées; elles étaient armées de la fusée type 37, à long retard, munie d'un piège qui en interdisait le dévissage. Le fonctionnement est le suivant:

Une ampoule d'acétone est brisée pendant la chute de la bombe par une vis entraînée par une hélice; l'acétone se répand dans la fusée et vient dissoudre une pastille en celluloïd qui retient le percuteur; le retard au fonctionnement

varie entre quelques minutes et plusieurs jours.

Le principe du piège: le percuteur est séparé de son amorce par des billes immobilisées lorsque la fusée est vissée à fond; il suffit de la dévisser d'un demi tour pour que les billes s'échappent et que le percuteur soit lancé sur l'amorce par son ressort.

Comme le ressort du percuteur s'appuie sur la tête de fusée, on conçoit que, si l'on parvenait à retirer celle-ci très rapidement, le ressort n'aurait plus la force de projeter le percuteur assez vigoureusement pour faire fonctionner l'amorce. .

Les services allemands de débombage réalisèrent à partir de cette idée un appareil dévissant la fusée avec une très grande. Rapidité; c'était en l'espèce une turbine actionnée par la combustion de pains de poudre noire; la mise de feu se faisait électriquement, à distance, de telle sorte que le personnel ne courait aucun danger. [l semble que les Allemands utilisèrent ce procédé avec succès; les services français qui copièrent la méthode allemande éprouvèrent quelques difficultés à réaliser des pains de poudre noire d'une densité suffisante.

Les pains insuffisamment comprimés détonaient au lieu de brûler, projetant le couvercle de l'appareil.

Les services américains réalisèrent, à partir de la même idée, un tourniquet actionné par la combustion de cordite; la vitesse de rotation

atteignait cinq cents tours par seconde et la fusée était dévissée en un centième de seconde.

Plusieurs centaines de bombes subsistaient qui après la libération, furent désamorcées par ces procédés sans qu'il' se produisît une seule explosion.

Il est assez curieux de remarquer que les services de la Royal Air Force eurent à résoudre le même problème. En effet, il arrivait quelquefois que les bombardiers anglais rentrassent au terrain avec leurs bombes, et, comme la fusée 37 ne comporte pas de sécurité, les artificiers se trouvaient dans l'impossibilité de désarmer les bombes, puisque le dévissage de la fusée provoque son fonctionnement. C'est vers l'injection de' liquides que les ingénieurs orientèrent leurs recherches à partir de l'appareil Stevens dont l'eau simplement sucrée immobilisait les mouvements d'horlogerie; il s'agissait, cette fois, d'immobilîser le percuteur pendant le dévissage, malgré la puissance de son ressort. On utilisa une résine urée-formol peu polymérisée dont l'acide chlorhydrique provoque la coagulation en quelques minutes; la résine est soluble dans l'eau; juste avant l'utilisation, on ajoute une quantité convenable d'acide chlorhydrique et l'on injecte aussitôt par un canal percé au préalable dans la tête de gaine; au bout d'une demi-heure, la résine est prise en masse et l'on peut dévisser la fusée sans danger, le percuteur est immobilisé.

Après la libération, les Anglais tentèrent d'utiliser le procédé du tourniquet à poudre pour dévisser leur fusée 37, mais ils ne réussirent pas à empêcher les fonctionnements. La raison en est vraisemblablement la suivante: dans les

fusées qu'ils traitaient, l'ampoule d'acétone n'avait pas été brisée, de telle sorte que le mouvement du percuteur, après l'effacement des billes, était très rapide. Dans les bombes trouvées en France, au contraire, la solution de celluloïd dans l'acétone avait envahi le corps de fusée; le mouvement du percuteur était suffisamment freiné pour que le dévissage fût possible, même avec le tourniquet français dont la vitesse de rotation n'était guère que cinquante tours par seconde.

 

La fusée allemande type 57

 

Les Allemands utilirent quelquefois une fusée 57 à retard chimique acétone-celluloïd, dans laquelle le piège est analogue au Zus 40, compliqué par l'addition d'un ressort puissant, qui éjecte brutalement la fusée quand on commet l'imprudence de dévisser la bague qui la maintient en place; l'appareil Stevens n'était pas utilisable, puisqu'il oblige l'opérateur à soulever légèrement la fue pour injecter le liquide.Un mode opératoire analogue fut mis au point rapidement; en dévissant l'une des trois vis qui fixent le couvercle de la fusée sur son corps, on put ouvrir un passage suffisant pour permettre l'injection de liquide dans le corps de gaine et dans le piège; l'emploi de résine urée-formol permit de bloquer le ressort djection de la fusée et d'extraire ensuite celle-ci sans danger.

Bien que souvent évoquée, cette fusée n'a pas été rencontrée en France, mais la rumeur à fait le reste, à tel point que tous les désamorçage de fusée douteuse, les débombeurs appliquent, lors du dévissage des bagues de maintien, une forte pression de la main, afin d'apprécier la présence de ce piège.

 

La fusée allemande 50 B ou Y

 

En janvier: 1943, un officier artificier adressa aux services de débombage anglais une fusée qu'il avait extraite à la main, croyant avoir affaire à une fusée 15 ordinaire, mais qui lui semblait être d'une conception nouvelle. Elle contenait une partie électrique du type Rheinmetall Standard qui, à l'arrivée au sol, allumait

une pastille de thermite, comme dans la fusée 17, et fondait une boulette de cire. En fondant, la boulette de cire fermait un circuit électrique comprenant deux piles sèches de 1,5 V, une amorce Électrique, un contacteur à trembleur ordinaire et trois contacteurs à mercure montés en parallèle; chacun d'eux était constitué par

un tube de verre circulaire contenant un peu de mercure, susceptible d'établir le contact entre deux électrodes à l'intérieur du tube.

Comme les trois tubes étaient placés dans trois plans rectangulaires, il suffisait d'un mouvement quelconque de la bombe ou de la fusée pour fermer le circuit et provoquer la détonation.

L'officier artificier devait la vie au, fait que les condensateurs Rheinmetall de la fusée n'avaient pas été chargés au moment du lancement de la bombe, par suite d'un mauvais fonctionnement du lance-bombe.

Un examen radiographique des bombes non éclatées lanes à la même époque montra que seize d'entre elles étaient armées de la fusée 50B ; le piège

électrique qu'elles contenaient n'était justiciable d'aucune des méthodes appliquées jusque-là.

La solution fut trouvée dans une autre voie; on savait qu basse température la résistance intérieure des piles sèches augmente dans de telles proportions

que le courant qu'elles sont capables de débiter devient pratiquement nul.

Les Anglais utilisèrent d'abord l'air liquide, qu'on versait pendant deux

heures sur la tête de la fusée, par des moyens de fortune. Le procédé réussit ; le circuit pouvait être fermé sans que fonctionnât l'amorce électrique. Comme le

maniement de. l'air liquide était incommode, on utilisa par la suite un mélange de neige carbonique et de méthanol (alcool méthylique) qui sont tous deux faciles à conserver et à transporter; le mélange était appliqué sur le corps de bombe tout autour de la tête de fusée; après quelques heures, quand le refroidissement était suffisant, la fusée était, soit extraite, soit détruite iti situ en attaquant la fusée avec un trépan a main qui allait, sans précautions, détruire les piles sèches elles-mêmes dans le corps de fusée.

Les opérations furent si bien conduites qu'il semble qu'aucune des fusées B ou Y ne fonctionna, à l'exception d'une seule qui provoqua l'explosion de la bombe; non au cours de la neutralisation, mais pendant les travaux de terrassement.

 

Les dangers du « débombage »

 

Des quelques exemples que nous avons donnés ci-dessus, le lecteur pourrait induire que le débombeur dispose dans chaque cas d'appareils ou de méthodes dont l'observation méticuleuse le garantira de tout accident. Ils n'en est rien: malgré toutes les précautions, la destruction de bombes non éclatées est un métier très dangereux.

Un premier danger vient des (aux marquages des artifices, procédé que les Allemands ont utilisé quelquefois,· par exemple pour la fusée 50 B qui a été trouvée marquée 25, comme la fusée percutante Rheinmetall sans retard ni piège.

Pour déjouer cette ruse, les Anglais ont ussi à photographier les fusées à travers le corps de bombe en utilisant, semble-t-il, les rayons gamma du radium. Les clichés obtenus sont assez nets pour identifier les fusées connues, et me pour

étudier le mécanisme des fusées nouvelles.

Un autre danger pour l'artificier vient de ce que les explosifs, fabriqués en temps de guerre en vue d'une utilisation immédiate, sont souvent instables ; lorsqu'une bombe a séjourné quelque temps dans la terre humide, l'azoture de plomb que les Allemands utilisaient pour leurs amorces s'hydrolyse légèrement; les vapeurs d'acide azothydrique s'infiltrent entre les filets de vis où elles forment des azotures métalliques extrêmement instables. Le simple dévissage d'une fusée, même sans heurt, peut toujours provoquer l'explosion de la bombe.

L'explosif de chargement peut être également dangereux, La mélinite forme des picrates métalliques très instables; l'amatol lui-même peut provoquer des accidents; des explosions se sont produites quelquefois au cours de la

vidange des bombes à la vapeur par la méthode que nous avons décrite ci-dessus; il semble que des combinaisons instables (orto et para-dinitrotoluène par ex) de la tolite avec l'ammoniaque du nitrate se décomposant au-dessous de 70° C peuvent se former dans certaines circonstances.

Mais le plus grave danger que court l'artificier vient de lui-me; lorsqu'il a fait cinq cents ou mille fois une opération à distance sans jamais constater' une explosion, il est inévitable qu'il prenne confiance, qu'il néglige de sloigner; de

près, les opérations sont tellement plus commodes et plus rapides...

C'est alors que se produira le phénomène dont la probabilité était très faible, mais non nulle.

Tous les procédés, mis au point pendant le conflit, permettent la neutralisation de tous les cas d'espèce, dans la mesure où l'identification préalable est sure et fiable.

Dès les années 50, les bombes allemandes retrouvées, ne sont plus traités de cette manière, les charges des condensateurs n'étant plus effectives. Seules les fusées 17, à mécanisme d'horlogerie restent sensibles et susceptibles de se remettre en route.

 

Les fusées Américaines, (123 et 132) dont le fonctionnement est similaire à la fusée 37, peuvent être traités à l'aide des procédés décrits plus haut.

 

Le Service de Déminage, au moment du transfert des compétences le 1er octobre 1946, perçu du Service du matériel, des tourniquets pyrotechniques, ainsi que des poulies et accessoires de désamorçage.

 

La disparition des savoirs faire en matière de fabrication des pains de poudres noire, a conduit la Service à un rééquipement récent en poulies de dévissage à distance et en tourniquets pyrotechniques.

 

Les nouveaux matériels actuels n'ont pu faire l'objet d'études sérieuses en conditions réelles, laissant l'initiative aux fabricants et fournisseurs.

Le manque de confiance dans ces matériels, a souvent conduit à un traitement des fusées par dévissage manuel au contact de la bombe.

 

L'analyse des dispositifs de mise de feu, permet bien souvent de contourner le piège, et d'effectuer une neutralisation non agressive.

La formation restant l'élément cléf permettant l'utilisation d'un même Débombeur plusieurs fois de suite.

 

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